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« Le fusil a fait que nous avons cédé notre terre. » – Réinstallation abusive pour l’expansion d’une mine d’or en Haute Guinée

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Comment une communauté peut-elle garder un sentiment d’espoir face à l’extrême pauvreté, l’intimidation récurrente, et les dynamitages qui font trembler les maisons – le tout faisant partie de la vie à côté d’une mine d’or gigantesque à ciel ouvert ? Je me suis posé cette question maintes fois la semaine dernière, au cours d’une mission d’enquête de cinq jours qui avait pour but d’établir les faits à la base des revendications concernant la réinstallation abusive à Kintinian en Haute Guinée.

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Les maisons ont été détruites à partir de juin pour commencer l’excavation d’Area One. L’école dans l’image sera bientôt détruite. Aujourd’hui, elle abrite ceux que les habitants appellent les « réfugiés » – des personnes qui n’ont pas encore trouvé un autre logement.

Les habitants de Kintinian souffre depuis longtemps de mauvaises relations avec la Société AngloGold Ashanti de Guinée S.A. (la SAG) – la filiale guinéenne du géant minier sud-africain AngloGold Ashanti – grâce à la dégradation environnementale, la demande non satisfaite pour les emplois locaux, les conflits autour de la compensation, le favoritisme, les promesses non tenues, et la perception d’un échec global de l’exploitation minière industrielle d’apporter de vrais avantages aux communautés affectées. Dans ce contexte, la décision de la société de délocaliser environ un millier d’habitants afin d’étendre ses opérations dans une nouvelle zone – appelée « Area One » – a été très controversée.

En tant que Directeur Exécutif de l’ONG « Advocates for Community Alternatives », Lien De Brouckere de Communities First m’a demandé de participer à cette mission d’enquête, afin de fournir un appui dans le domaine des litiges stratégiques d’intérêt public à deux ONG guinéennes: le Centre de Commerce International pour le Développement (CECIDE) et Mêmes Droits pour Tous (MDT). Tout comme ils l’ont affirmé publiquement fin août, ces deux structures ont pour objectif dans ce cadre de faire en sorte que la SAG et le gouvernement guinéen respectent les droits légaux des communautés pendant que la société étend son empreinte opérationnelle et déplace les habitants d’Area One. Notre équipe d’enquête comprenait également des journalistes et des écologistes guinéens, et nous avons été bien soutenu par un groupe de professionnels locaux courageux face à la pression énorme des entreprises et du gouvernement. Alors que nous n’avons pas encore compilé et analysé de près les résultats du sondage d’environ 100 propriétaires résidents interrogé par notre équipe, je peux dire que nos résultats anecdotiques sont certainement sources de préoccupation.

Tout d’abord, la SAG et le militaire guinéen ont collaboré pour réaliser un recensement des actifs des ménages d’Area One tout de suite après la répression violente par les militaires d’une manifestation contre le recensement-même. L’inconduite militaire et la violence (y compris par les bérets rouges – qui ont été impliqués dans les violations flagrantes des droits humains lors du massacre du 28 septembre) étaient particulièrement élevés dans les jours précédant immédiatement le recensement. Cela comprend les arrestations, les menaces de tirer sur les personnes, mettre le feu aux cases, détruire les maisons, lancer le gaz lacrymogène à l’intérieur des maisons, le pillage largement répandu, etc. Il va sans dire que cela avait pour effet d’intimider les populations et leur a fait consentir un recensement que les habitants estiment être incomplet et inadéquat. Tout comme l’un des sages nous a dit : «  Le fusil a fait que nous avons céder notre terre. » Ces évènements soulèvent un certain nombre de préoccupations, y compris le non-respect d’une exigence découlant des Principes Volontaires concernant la Sécurité et les Droits Humains d’empêcher la participation des forces de sécurité publique avec des antécédents des violations des droits humains (tels que les bérets rouges) aux services de sécurité sur les sites.

Deuxièmement, presque personne parmi ceux que nous avons interrogé dans la zone « Area One » avait entendu parler – sans parler de comprendre le but ou contenu même – du Plan d’Action de Réinstallation et de Compensation (PARC) de la SAG, surtout son matrice d’indemnisation qui détermine les valeurs auxquelles la SAG compensera différents types d’actifs. Ce document public doit être élaboré avec la pleine participation des communautés affectées, selon les normes internationales en matière de réinstallation qu’AngloGold Ashanti prétend suivre. (En fait, selon le texte du PARC, les communautés affectées ont été exclues des consultations pour son élaboration.) De plus, la plupart des femmes interrogées se trouvait complètement dans le noir concernant la procédure de réinstallation et les modalités d’indemnisation qui ont été offerts à leurs familles, en dépit d’une exigence que des précautions particulières doivent être prises pour assurer que les groupes vulnérables et exclus des populations soient informés et consultés lors de la réinstallation.

Enfin, alors que notre analyse montrera certainement davantage des sources d’inquiétude, je vais me contenter de finir ici en notant que la SAG a tenté à plusieurs reprises d’exercer une pression sur les membres de la communauté pour quitter leur logement temporaire (leurs maisons étant déjà détruites depuis juin) et se déplacer vers le site de réinstallation, alors que la construction n’est pas encore terminé, ils n’ont aucune disposition pour les cuisines, suffisamment d’eau, d’électricité ou de contrôle des inondations – une contradiction au PARC de la SAG. Une telle tentative a été faite la veille de l’arrivé de notre mission d’enquête ; une tentative apparente de faire en sorte que notre groupe de missionnaires n’arriverait que pour découvrir que le processus a été terminé et qu’il n’y avait plus de faits à rechercher.

Nous avons demandé à la SAG et AngloGold Ashanti de répondre à un certain nombre de ces questions et nous allons les confronter avec les résultats complets de l’enquête une fois qu’ils ont été traités. Avec de la chance, cette intervention peut aider à soutenir la non-violence à Kintinian, et de garantir que les habitants d’Area One reçoivent le bénéfice de tous les droits et protections des lois et des normes internationales qu’AngloGold Ashanti professe à respecter.