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Hommage à Ousmane Aminata Bangoura, Coordinateur d’ADREMGUI

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[Cet hommage, écrit par Maria Koulouris et Lien De Brouckere, a été publié sur le site du 11th Hour Project]

11th Hour Project est profondément bouleversé par la perte soudaine et tragique de notre cher collègue, partenaire et ami, Ousmane Aminata Bangoura, coordinateur de l’ONG guinéenne locale Association pour le développement rural et l’entraide mutuelle de Guinée (ADREMGUI). Il est né en 1980 et décédé le 16 mai, 2020 des suites d’une longue maladie encore compliquée par l’impossibilité de se déplacer à l’extérieur du pays pour un suivi médical nécessaire pendant la pandémie de COVID-19.

Il n’y a pas de mots assez forts pour exprimer notre douleur.

Ousmane Aminata Bangoura était le fondateur et coordinateur d’ADREMGUI. Il avait consacré sa vie à la recherche permanente de moyens d’améliorer la vie des communautés de son pays natal, la Guinée, et de les accompagner sur la voie d’un développement centré sur la communauté et dirigé au niveau local. Il a travaillé dans de nombreuses régions du pays, en particulier dans lesquelles l’exploitation minière industrielle s’accompagne d’effets dévastateurs sur l’environnement, d’expropriations de terres à grande échelle et de destruction des moyens de subsistance des populations.

Son humilité, la remarquable justesse de sa réflexion quelles que soient les circonstances, son approche sans équivoque de l’autonomisation locale et sa soif d’apprentissage, de connaissance et d’amélioration permanente, faisaient d’Ousmane un remarquable défenseur des droits humains. Il n’avait également pas son pareil pour utiliser le silence à son avantage.

Il est allé au-delà des approches traditionnelles du travail en faveur des droits humains pour consolider un leadership local par le biais de liaisons communautaires, et aider les communautés à mettre en place des Groupements villageois d’épargne et de crédit (GVEC) au niveau local. Les GVEC donnent aux femmes en milieu rural les moyens de se doter de dispositifs de protection de base pour faire face à leurs besoins quotidiens – qu’il s’agisse des frais de scolarité, des soins de santé ou de l’alimentation. Les GVEC sont également une étape importante sur la voie d’une plus grande participation des femmes à la lutte pour la protection de leurs terres. Il s’agit aussi d’un espace dans lequel elles peuvent discuter des moyens de faire valoir leurs droits et de participer à la prise de décision au niveau communautaire. La vision d’Ousmane et l’approche d’ADREMGUI en matière de GVEC incarnent des principes en matière de prise de décision décentralisée et d’émancipation économique qui sont essentiels à l’autonomisation des femmes et à leur participation à la vie communautaire.

Tout le monde était digne du même respect aux yeux d’Ousmane et il croyait en la transparence. Ces valeurs étaient tangibles également dans sa manière de diriger son organisation. Il veillait au développement de sa jeune équipe dynamique et avait mis en place un conseil d’administration actif qu’il consultait régulièrement dans le cadre des décisions importantes. Il a collaboré de manière significative à un certain nombre d’initiatives de la société civile, notamment au sein d’un collectif d’organisations guinéennes qui œuvre en faveur de la protection des communautés touchées par l’exploitation minière. Il avait plus récemment également commencé à partager le modèle et l’expérience du GVEC avec une jeune ONG féminine émergente, Créativité et Développement (C-DEV), et à explorer les modalités de leur contribution à l’accès et à la protection des droits des femmes à la terre et aux ressources naturelles.

Lorsque nous avons rencontré Ousmane pour la première fois, nous avons été frappées par la sagesse dont il savait toujours faire preuve et son dévouement sans faille à la justice. On avait le sentiment que le monde était plus juste et meilleur du seul fait de sa présence. Le décès d’Ousmane est une perte tragique pour la famille qu’il laisse derrière lui – en particulier ses quatre enfants — sa communauté et les communautés qu’il a servies, ses collègues d’ADREMGUI, ses collaborateurs, et pour la Guinée toute entière.

Le connaître a fait de nous tous de meilleures personnes.

Nous nous engageons à vivre dans le respect de ses valeurs et à œuvrer au service de la justice qui lui était si chère.

Que son âme repose en paix.