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La société AngloGold Ashanti a accepté de verser des dommages et intérêts aux communautés d’Area One qui avaient été expulsées de force de leurs terres, pour l’expansion de la mine d’or, en 2015. Il s’agit de la première victoire du genre en Guinée.
Au lendemain des violences, des organisations de la société civile locale et internationale se sont mobilisées pour soutenir les communautés qui ont été violemment forcées de quitter leurs terres en 2015 pour l’expansion du projet de mine d’or de Siguiri, exploité par une filiale guinéenne d’AngloGold Ashanti.
Regardez la video : Garantir la justice pour les personnes déplacées de force de la mine d’or de Siguiri
Un parcours miné depuis l’expulsion
« Quand nous avons commencé notre lutte, personne ne croyait que nous obtiendrions quoi que ce soit de cette entreprise et on nous a dit d’abandonner, mais nous avons persisté et aujourd’hui nous pouvons à nouveau garder la tête haute », a déclaré Balla Camara, le courageux leader communautaire d’Area One qui a osé demander des comptes.
La Guinée est un pays politiquement instable, où l’environnement est hostile aux défenseurs des droits humains et où le gouvernement répressif choisit le plus souvent de protéger les intérêts des sociétés minières, comme AngloGold Ashanti, premier producteur d’or du pays, plutôt que ceux de la population.
Établies dans la région de Siguiri depuis plus de 800 ans, 365 familles de mineurs artisanaux, de commerçants et d’agriculteurs ont été violemment expulsées et arbitrairement arrêtées par les forces de sécurité de l’État. Elles ont ensuite été contraintes de chercher un logement temporaire ailleurs pendant plusieurs années, puis ont finalement été réinstallées alors que leur santé, leur éducation et leurs moyens de subsistance étaient toujours en péril. De nombreuses autres violations du droit national et international ont été commises, mais l’espoir de voir la justice rendue était faible. Les possibilités de recours juridique en Guinée sont quasiment inexistantes, le système judiciaire fonctionnant mal dans un pays où la corruption est courante.
Le suivi du financement et une inlassable solidarité communautaire, clés de la victoire
Les communautés expulsées ont demandé conseil à l’ONG locale Commerce International pour le Développement (CECIDE), qui soutenait depuis longtemps les initiatives de défense des droits des communautés de la région de Siguiri.
CECIDE mobilized its network including local lawyers at Mêmes Droits Pour Tous (MDT) and international partners, including Advocates for Community Alternatives (ACA) and The 11th Hour Project. With little possibility of legal redress in Guinea, Inclusive Development International (IDI) was brought in to follow the money that paid for the gold mine’s expansion: AngloGold Ashanti received a loan from the South African bank Nedbank, which in turn had received financing from the International Finance Corporation (IFC).
Watch the video : Beneath the Surface: Leveraging the Power of Investors
Cela signifiait que les standards de performance environnementale et sociale de la SFI s’appliquaient à l’expansion de la mine de Siguiri, la porte était donc ouverte aux communautés affectées, avec le soutien de CECIDE, MDT et IDI, pour déposer une plainte en avril 2017 auprès du Compliance Advisor Ombudsman (CAO) du Groupe de la Banque mondiale. Le Bureau du CAO est le mécanisme indépendant de responsabilisation pour les projets soutenus par la Société financière internationale (SFI) et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), membres du Groupe de la Banque Mondiale.
La plainte déposée par la communauté auprès du CAO a donné lieu à un processus de médiation de six ans entre l’entreprise et les communautés affectées, avec le soutien des ONG. Un processus qui a abouti à une série de victoires progressives et, aujourd’hui, à un accord de règlement définitif.
Cette bataille pour la redevabilité est le fruit de longues années de travail, de dévouement et de persévérance des défenseurs locaux des droits de l’Homme, ils n’ont cessé de raffermir la solidarité communautaire et de se mobiliser pour faire respecter les droits dans un environnement hostile.
Une victoire qui ravive l’espoir
La Guinée est bien connue pour son abondance en ressources naturelles. Le pays dispose de l’une des plus grandes réserves de bauxite au monde. Il s’agit du principal matériau utilisé pour produire de l’aluminium, un minéral de substitution essentiel pour se détourner des énergies fossiles. Des mégas projets miniers sont lancés avec pour but de rehausser l’économie du pays, tel que le projet Simandou pour son soi-disant acier vert. Cependant, les promesses de développement ne se concrétisent pas souvent pour les milliers de personnes qui vivent des ressources des espaces sacrifiés pour ces projets. Les communautés se voient très souvent obligées de quitter leurs terres soit parce qu’elles sont déguerpies par les autorités, sans véritable recasement ni compensation, soit parce que la pollution engendrée par les projets met en danger leur santé et leur subsistance.
« L’accord de règlement d’Area One est une victoire exceptionnelle et une source d’espoir pour les milliers de personnes qui subissent chaque jour les dommages causés par les projets d’investissement en Guinée. La ténacité de la communauté pendant de nombreuses années – malgré les menaces et les intimidations du gouvernement et de l’entreprise – a rendu cela possible », a déclaré Lien De Brouckere, conseiller auprès de The 11th Hour Project depuis le début de cette campagne, y compris la mission d’enquête en 2016 qui a jeté les bases de la plainte du CAO.
Une partie du montant total du règlement financier de l’accord sera directement versée aux familles affectées par le projet, à titre de compensation individuelle ; l’autre partie sera utilisée pour créer un fonds de financement des projets de développement et rétablissement des moyens de subsistance mis en œuvre par lesdites familles et communautés.